Le petit Sapin H. C. Andersen – PARTIE 3
De nombreux enfants se précipitèrent comme s’ils allaient renverser le sapin. Ils s’arrêtaient – un instant seulement -, puis ils se mettaient à pousser des cris de joie et à danser autour de l’arbre. Ensuite, on commença à cueillir les cadeaux l’un après l’autre.
« Qu’est-ce qu’ils font ? se demandait le sapin. Qu’est-ce qui va se passer ? »
Les petits tournoyaient dans le salon avec leurs jouets dans les bras, personne ne faisait plus attention à notre sapin, excepté la vieille bonne qui jetait régulièrement un coup d’œil pour voir si les enfants n’avaient pas oublié une figue ou une pomme.
Une histoire ! une histoire ! criaient les enfants en entraînant vers l’arbre un gros petit homme ventru. Il s’assit juste sous l’arbre. “Je ne raconterai qu’une seule histoire” : dit l’homme… “Voulez-vous celle d’Ivède-Avède ou celle de Dumpe-le-Ballot”. L’homme racontait l’histoire de Dumpe-le-Ballot qui tomba du haut des escaliers, mais arriva à s’asseoir sur le trône et à épouser la princesse. Les enfants battaient des mains. Le sapin très naïf, écoutait aussi l’histoire. Il croyait que l’histoire était vraie, parce que l’homme qui la racontait était élégant.
Oui, oui, qui sait ! Peut-être que je tomberai aussi du haut des escaliers et que j’épouserai une princesse ! Il se réjouissait en songeant que le lendemain, il serait de nouveau orné de lumières et de jouets, d’or et de fruits. Il resta immobile et songeur toute la nuit. Au matin, un valet et une femme de chambre entrèrent. – Voilà la fête qui recommence ! pensa l’arbre. Mais ils le traînèrent hors de la pièce, en haut des escaliers, au grenier… et là, dans un coin sombre, où le jour ne parvenait pas, ils l’abandonnèrent. – Qu’est-ce que cela veut dire ? Que vais-je faire ici ? M’a-t-on donc oublié ?
« C’est l’hiver dehors, maintenant, pensait-il. La terre est dure et couverte de neige. On ne pourrait même pas me planter ; c’est sans doute pour cela que je dois rester à l’abri jusqu’au printemps. Les hommes sont vraiment bons ! Si seulement il ne faisait pas si sombre et si ce n’était pas si solitaire ! Pas le moindre petit lièvre. C’était gai, là-bas, dans la forêt, quand le lièvre passait en bondissant, oui, même quand il sautait par-dessus moi ; mais, dans ce temps-là, je n’aimais pas ça. Quelle affreuse solitude, ici ! »