Le petit Sapin H. C. Andersen – PARTIE 2
Quand arriva l’époque de Noël, de tout jeunes arbres furent abattus, ils n’avaient souvent même pas la taille, ni même l’âge de notre sapin qui ne pensait qu’à une seule chose : partir. – Où vont-ils? demanda le sapin, ils ne sont pas plus grands que moi, il y en avait même un beaucoup plus petit. Pourquoi leur a-t-on laissé leur verdure? – Nous le savons, nous le savons, gazouillèrent les moineaux. En bas, dans la ville, nous avons regardé à travers les vitres, nous savons où la voiture les conduit.
A travers les vitres, nous les avons vus, plantés au milieu du salon chauffé et garnis de ravissants objets, pommes dorées, gâteaux de miel, jouets et des centaines de lumières. – Suis-je destiné à atteindre aussi cette fonction ? dit le sapin tout enthousiasmé. C’est encore bien mieux que de voler au-dessus de la mer. Je suis aussi grand et développé que ceux qui ont été emmenés l’année dernière. Je voudrais être déjà sur la charrette et puis dans le salon chauffé, au milieu de ce faste. Et, ensuite … il arrive sûrement quelque chose d’encore mieux, de plus beau, sinon pourquoi nous décorer ainsi. Cela doit être quelque chose de grandiose et de merveilleux ! Mais quoi?… Oh ! je m’ennuie … je languis …
Sois heureux d’être avec nous, dirent l’air et la lumière du soleil. Réjouis-toi de ta fraîcheur et ta libre jeunesse. Mais le sapin n’arrivait pas à se réjouir. Il grandissait et grandissait. Hiver comme été, il était vert, d’un beau vert foncé et les gens qui le voyaient s’écriaient : Quel bel arbre ! Avant Noël il fut abattu, le tout premier. La hache trancha d’un coup, dans sa moelle ; il tomba, poussant un grand soupir, il sentit une douleur profonde. Il défaillait et souffrait. L’arbre ne revint à lui qu’au moment d’être déposé dans la cour avec les autres.
Il entendit alors un homme dire : – Celui-ci est superbe, nous le choisissons. Alors vinrent deux domestiques en grande tenue qui apportèrent le sapin dans un beau salon. Des portraits ornaient les murs et près du grand poêle de céramique vernie il y avait des vases chinois avec des lions sur leurs couvercles. Plus loin étaient placés des fauteuils à bascule, des canapés de soie, de grandes tables couvertes de livres d’images et de jouets ! Le sapin fut dressé dans un petit tonneau rempli de sable, mais on ne pouvait pas voir que c’était un tonneau parce qu’il était enveloppé d’une étoffe verte et posé sur un grand tapis à fleurs ! Oh ! notre arbre était bien ému ! Qu’allait-il se passer ? Les domestiques et des jeunes filles commencèrent à le garnir. Ils suspendaient aux branches des petits filets où l’on mettait quelques fondants, des pommes et des noix dorées et plus de cent petites bougies rouges, bleues et blanches étaient fixées sur les branches. et tout en haut, au sommet, on mit une étoile dorée.
C’était splendide, incomparablement magnifique. – Ce soir, ce sera magnifique, disaient-ils tous. « Oh ! pensa le sapin, que je voudrais être ici ce soir quand les bougies seront allumées ! Que se passera-t-il alors ? Les arbres de la forêt viendront-ils m’admirer ? Les moineaux me regarderont-ils à travers les vitres ? Vais-je rester ici, ainsi décoré, l’hiver et l’été ? » On alluma les lumières et la porte s’ouvrit.